Si dans un groupe la guitare est l'instrument de prédilection des frimeurs, la basse (comme il est uni-latéralement convenu de l'appeler dès mainte­nant) est l'outil des assoiffés de pouvoir. Tu veux que ça soit toi qui diriges les rythmes ? Prends ta basse. Tu estimes qu'il n'y a pas d'harmonie possible sans toi ? Prends ta basse. Tu es déterminé(e) à véhiculer les mélodies que tu imposes sur ta ligne ? Ta basse t'attend.

La basse est le plus jeune des instruments populaires courants. Inventée par L. Fender au début des années 50, il lui a fallu patienter jusqu'au milieu des années 60 pour le développement de cordes de conception moderne et la fin du besoin de singer la contrebasse.

 

Le bassiste des Who, John Entwhistle a exercé une influence sous-estimée à cet égard. Pour s'en rendre pleinement compte il suffit d'écouter les enregistrements de l'immense Stanley Clarke du début de sa tenue du pupitre de basse dans le ‘Return To Forever’ de Chick Corea, et qui par la suite est devenu le géant qu'on connaît.

Encore fallait-il de l'amplification de puissance conséquente, compacte et accessible à bon nombre de bassistes. La mise en place de ce dernier maillon a dû attendre les années 80 et est vraiment cruciale dans l'histoire de la basse dans la mesure où la basse doit brasser beaucoup d'air. C'est un incontournable pour bassiste de tous les niveaux. Retournement paradoxal de situation : Ce sont les débutants qui en ont le plus besoin, les confirmé(e)s accédant tôt ou tard à de la sonorisation. À défaut de puissance (toujours ce petit côté mégalo !) ni confort ni rondeur de son ne sont possibles, il n'y a que des sons criards et énervants qui font percer.

Je dis souvent aux impétrants que la basse est plus facile que la guitare à jouer de façon adéquate. Lorsqu'on vise un certain niveau, une aisance, une expressivité personnalisée la situation s'inverse... et assez dramatiquement. Tout le défi de la basse, et toute sa beauté incandescente résident dans ce résumé-là.